De pâles couleurs rosé et azur naissaient dans le ciel d'ocre en cette matinée de Juillet, laissant entrevoir aux palefrenier que leur dur labeur ne venait que de commencer. Il n'était pas encore huit heures mais il fallait déjà nourrir et sortir les chevaux, puis s'attaquer à leurs box. Et, observant d'un oeil las l'agitation matinale des bipèdes, Red Callidora s'ennuyait fermement. Elle ne s'était que peu reposée durant la nuit et les soupires désespérés du palefrenier derrière elle indiquait qu'elle n'avait, une fois de plus, pas touchée à sa ration. Non, décidément elle ne se plaisait pas ici et elle le faisait clairement savoir, néanmoins ce que certain qualifiait de caprice mettait décidément à mal le travail qu'elle pouvait fournir sous la selle ; elle n'avait plus le peps de son arrivée, dit la santé. Cela faisait près d'une semaine qu'elle refusait de manger et par conséquent qu'elle était placée au paddock dans l'espoir qu'elle broute un peu.

On lui passa donc le licol et l'entraîna dehors. Cependant, la jument semblait réticente à l'idée de sortir le bout des naseaux à l'extérieur, il avait plu et la terre s'était changée en véritable tourbier dont la jument semblait visiblement répudier la texture. Quel comble pour une jument de cross !
Le palefrenier devant elle semblait visiblement désespéré par le comportement peu coopératif de l'alezane, et, à trop vouloir l'attirer dehors la jument stoppa tous mouvement et chercha à se libérer de son emprise, oreilles plaquée contre le crâne. Pas question de poser les pattes sur cette chose bizarre qu'était cette tourbière qui s'interposait entre la sortie des écuries et l'extérieur. C'était super inquiétant mine de rien ! ... On aurait dit... UN LAC DE BOUE ! D'une profondeur insondable ! Que nul cheval et nul cavalier n'aurait pu un jour franchir... Un océan ! De boue qui plus est ! ... Qui pouvait franchir cet obstacle digne des plus grands champions ? QUI ?!! Mais, lorsque la jument derrière elle la dépassa et franchit ce dit océan, Red afficha une mine stupéfaite, voire choquée : comment pouvait-elle passer là-dedans ? Elle était folle !

Néanmoins, le fait qu'elle ait réussit à passer signifiait que Red pouvait le faire, alors, retraçant au millimètre près les pas de sa comparasse, la belle holstein parvint à rejoindre les paddocks saine et sauve bien qu'un crapaud sur la route l'ait agressée en lui bondissant sur le sabot. Elle avait fait un violent écart et le palefrenier avait eu un mal fou à la calmer...
Cependant, elle était arrivée à bon port et explorait à présent l'étrange paddock qui lui faisait face. Quels monstres renfermait-il ? Une brise balaya l'herbe et souleva quelques feuilles, les entraînants dans une valses virevoltantes qui fit décamper à toute vitesse la belle. Décidément, il n'en fallait que peu pour terrifier la puissante Red Callidora !